La mécanique tragique des trahisons

Gestion des risques humains: Si tout n’est que luxe, calme et volupté pour le client qui franchit la porte d’entrée d’une banque privée, l’envers du décor semble n’être devenu que désolation, stress et férocité depuis la dernière crise financière. C’est du moins ce qui ressort d’une étude menée entre 2013 et 2014 par quatre chercheurs romands*, qui porte sur un type de risques encore peu étudié, à savoir le risque humain de mauvaises pratiques, d’erreurs ou de fraudes – dont le vol de données! Les témoignages recueillis auprès de 35 cadres de banques genevoises font froid dans le dos et laissent entrevoir des ambiances de travail totalement délétères. Comme cause première de leur malaise, la plupart pointent du doigt le nouveau cadre légal (et sa cohorte d’exigences), mais disent aussi ressentir un profond sentiment d’injustice face à la trahison du gouvernement suisse, qui n’a pas su défendre les intérêts de sa place financière. Mais les changements brutaux qui en ont découlé pour les établissements constituent désormais le vrai poison et la pression devenue insoutenable représente le véritable risque. Un risque que la lecture de cette étude suggère de gérer sans délai pour éviter de nouveaux accidents.
* “How human risk could lead to value destruction in services: an exploratory study”, de Magali Dubosson, Emmanuel Fragnière, Marilyne Pasquier et Cyrille Reynard.