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Pour un Tweet, t’as plus rien


Dans son éternelle quête du Graal, la finance a tendance à se prendre pour une “science exacte”. Et si on arrêtait de rêver de gagner à tous les coups?

La semaine dernière je suis tombé sur une nouvelle qui m’a rappelé, une fois de plus, que moi et mes semblables – investisseurs, advisors, gérants de fortune ou chroniqueurs en tous genres, avons la fâcheuse tendance à vouloir chercher la martingale dans les marchés boursiers, alors qu’un chimpanzé capable d’ouvrir des noix avec ses dessous de bras pourrait, s’il le voulait, se rendre compte que la finance et l’économie NE SONT PAS DES SCIENCES EXACTES.


Des sciences exactes? Non, parce que si vous me dites que l’eau bout à 100° – en dehors d’ajouter que ça dépend de la pression atmosphérique –, j’aurais tendance à vous croire. Et si je veux bien vous croire, c’est que je peux le vérifier par moi-même: il me suffit de m’équiper avec des chaussures de montagne, une casserole et un réchaud à gaz. Je vais ensuite monter à pieds à Verbier – ce qui me changera du traditionnel SUV A-B-S-O-L-U-M-E-N-T-nécessaire pour monter dans cette fameuse banlieue londonienne – et je mesurerai régulièrement à quelle température ma casserole bout. Comme je le dis, c’est prouvable et facilement vérifiable. C’est donc indubitablement de la science.


En revanche, quand je vois qu’une équipe de mathématiciens financiers un peu fantaisistes et sûrement passablement avinés ont décidé de trouver une formule qui permet de calculer la valeur d’un tweet de Trump, j’ai tendance à me dire que, plus on avance, plus la finance devient une science à peu près aussi fiable que celle de faire tourner les tables ou de parler à l’au-delà. Vous l’aurez compris, c’est de cette nouvelle que je veux vous parler aujourd’hui!


Alors il est clair qu’il faudrait être aveugle pour ne pas avoir compris que chaque fois que Trump saisit son smartphone et ouvre son application Twitter, le monde s’arrête de respirer comme si les 280 prochains caractères allaient changer la face du monde. Et d’ailleurs, force est de constater que, de plus en plus souvent, ça change la face du monde. Mais de là à dégager des ressources pour pouvoir «valoriser» chaque tweet, cela commence à friser le ridicule. Notez bien, en même temps, que dans certains secteurs de la finance, nous sommes passés maîtres dans l’art du ridicule et ceintures noires en fantasmes du genre “je vais trouver la formule magique qui me permet de gagner à tous les coups”.


Pourtant, à la fin, on ne gagne pas à tous les coups et les formules qui marchent à chaque fois ont tendance à rétrécir avec le temps, voire pire: plus ça marche très fort au début, et plus ça fonctionne moins bien à la fin. Mais peu importe, le financier est un mammifère qui aime espérer et qui rêve de pouvoir en un coup de bourse magique, cesser de travailler et devenir son propre client – voir mieux: devenir le client de ses concurrents.


Ce qui est fascinant, c’est que, si l’on prend un animal censé être doté de bien moins d’intelligence que le financier moyen et qu’on lui donne une secousse électrique à chaque fois qu’il fait une bêtise, il va apprendre et, à la fin, il ne recommencera plus. Mais chez l’homo-economicus, on ne cesse de se brûler à des promesses souvent délirantes et, malgré cela, on recommence encore et encore. Tout ça probablement parce que “entre vous et moi, on ne sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher”.


Regardez, dans le passé on a cru aux dot-com et ça a marché, on a fait confiance à Madoff et ça a marché, on a acheté en masse des produits structurés sur des Asset Backed Securities et ça a marché. Jusqu’au jour où ça n’a plus marché. Le problème est qu’on s’est fait refiler tout et n’importe quoi, sans trop savoir ce que c’était vraiment. En fait, on ne savait rien de rien, si ce n’est que ça devait payer à tous les coups.


Et puis là, tout d’un coup, comme on n’aime pas être à court d’idées, voilà que quelqu’un, quelque part, a décidé de trouver une solution pour gagner à tous les tweets de Trump. Encore un truc où l’on va se retrouver le bec dans l’eau, alors que tout le monde connaît pourtant la citation: “la finance est un jeu où tout le monde penser savoir, mais à la fin c’est Goldman Sachs qui gagne”.


Thomas Veillet,

Fondateur du site Investir.ch et CIO de Merion Swiss Partrners

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